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et les Comanches sortirent de l’hacienda et s’enfoncèrent dans la prairie.

Le soir, la Tête-d’Aigle fit établir le camp et allumer les feux pour la nuit.

Après le repas, au moment où chacun allait se livrer au sommeil, le sachem fit convoquer par le hachesto, ou crieur public, les chefs à se réunir au feu du conseil.

— Mes frères pâles prendront place auprès des chefs, dit la Tête-d’Aigle en s’adressant au Canadien et au Français.

Ceux-ci acceptèrent d’un geste de tête et furent s’accroupir devant le brasier parmi les chefs comanches, qui déjà attendaient, silencieux et recueillis, la communication de leur grand sachem.

Lorsque la Tête-d’Aigle eut pris place, il fit signe au porte-pipe.

Celui-ci entra dans le cercle, portant respectueusement à la main le calumet de médecine, dont le tuyau était frangé de plumes, garni d’une infinité de grelots, et dont le fourneau était fait d’une pierre blanche qui ne se trouve que dans les montagnes Rocheuses.

Le calumet était bourré et allumé.

Le porte-pipe, dès qu’il fut dans le cercle, inclina le fourneau du calumet dans la direction des quatre vents principaux, en murmurant à voix basse des paroles mystérieuses afin d’appeler sur le conseil la bienveillance du Wacondah, maître de la vie, et d’éloigner de l’esprit des chefs l’influence maligne du premier homme.

Puis, conservant dans la main le fourneau de la pipe, il présenta l’extrémité du tuyau à la Tête-