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Les misérables se précipitaient comme des coyotes à la curée sur le précieux métal, renversant et foulant aux pieds les plus faibles d’entre eux.

Au plus beau moment de cette averse, un cavalier apparut en courant à toute bride.

Étonné, confondu par ce qu’il voyait, un instant il s’arrêta pour regarder autour de lui ; puis il éperonna son cheval, et, à force de distribuer des coups de chicote à droite et à gauche, il parvint à fendre la foule amoncelée et roulant comme une mer en furie d’un bout à l’autre de la rue, et il atteignit la maison de l’haciendero, dans laquelle il entra.

— Voici le comte de Lhorailles, dit laconiquement don Sylva à sa fille.

En effet, au bout d’un instant, le comte entra dans le salon.

— Ah ça ! cria-t-il en s’arrêtant sur le seuil de la porte, quelle singulière idée avez-vous donc, don Sylva ? Sur mon âme, vous vous divertissez à jeter des millions par la fenêtre pour le plus grand divertissement des leperos et autres coquins de même sorte.

— Ah ! c’est vous señor comte, répondit tranquillement l’haciendero : soyez le bien venu ; je suis à vous dans un instant, encore ces quelques poignées, et c’est fini.

— À votre aise, dit en riant le comte ; j’avoue que le caprice est original : et s’approchant de la jeune fille, qu’il salua avec la plus exquise politesse : Daignerez-vous, señorita, continua-t-il, me donner le mot de cette énigme, qui, je l’avoue, m’intéresse au dernier point ?

— Demandez à mon père, señor, répondit-elle