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autour de lui, aperçut un fragment de rocher, probablement détaché de la voûte, le prit et le laissa tomber dans le gouffre.

Pendant longtemps il entendit la pierre rouler le long des parois, puis un bruit quelconque comme la chute d’un corps pesant dans l’eau.

Don Martial savait tout ce qu’il désirait savoir. Il tourna le gouffre et continua à avancer dans un étroit boyau assez bas dont la pente était fort rapide. Après avoir marché pendant environ dix minutes dans cette espèce de couloir, il aperçut le jour à une assez grande distance. La grotte avait deux issues.

Don Martial revint en toute hâte sur ses pas.

— Nous sommes sauvés ! dit-il à ses compagnons. Venez, suivez-moi, nous n’avons pas un instant à perdre pour gagner l’abri que la Providence nous offre si généreusement.

Ils le suivirent.

— Mais observa don Sylva, et les chevaux, qu’en ferons-nous ?

— Ne vous en inquiétez pas, je sais où les cacher. Plaçons dans la grotte nos provisions de bouche, car il est probable que nous serons contraints de demeurer quelque temps ici ; conservons aussi avec nous les harnais et les selles, que je ne saurais où placer. Quant aux chevaux, cela me regarde.

Chacun se mit à l’œuvre avec cette ardeur fébrile que donne l’espoir d’échapper à un danger, et au bout d’une heure au plus les bagages, les provisions et les hommes, tout avait disparu dans la caverne.

Don Martial rapprocha les buissons afin de faire disparaître les traces du passage de ses compagnons, et il respira avec cette volupté que donne