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— Retirez-vous sur le champ en enlevant cet or, dont ma fille n’a que faire.

— Vous m’excuserez, seigneurie ; j’ai reçu l’ordre d’apporter ici cet or, avec votre permission je l’y laisserai ; don Martial ne me pardonnerait pas d’agir autrement.

— Je ne connais pas don Martial, ainsi qu’il vous plaît de nommer l’homme qui vous envoie, je ne veux avoir rien de commun avec lui.

— C’est possible, seigneurie ; cela ne me regarde pas, vous vous expliquerez avec lui si bon vous semble ; pour moi, maintenant que ma mission est remplie, je vous baise les mains.

Et après s’être de nouveau incliné devant les deux personnages, le lepero sortit majestueusement, suivi à pas comptés, par ses quatre acolytes.

— Voyez ! s’écria don Sylva avec violence, voyez, ma fille, à quel affront m’expose votre folie.

— Un affront ! mon père, répondit-elle timidement ; je trouve au contraire que don Martial agit en véritable caballero, et qu’il me donne une grande preuve d’amour : cette somme est immense.

— Ah ! dit don Sylva avec colère, c’est ainsi que vous le prenez ! eh bien, moi aussi je vais agir en caballero, voto a brios ! vous allez voir. À moi, quelqu’un !

Plusieurs peones entrèrent.

— Ouvrez les fenêtres ! commanda-t-il.

Les domestiques obéirent.

Le rassemblement n’était pas encore dissipé, bon nombre d’individus continuaient à stationner devant la maison ou à rôder aux environs.