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Ainsi que don Martial l’avait annoncé, deux heures plus tard, ils arrivèrent effectivement à la colonie.

Dès qu’ils eurent été reconnus par les sentinelles, le pont-levis de l’isthme fut abaissé, et ils entrèrent dans l’hacienda, où ils furent reçus avec tous les égards et toutes les prévenances imaginables.

Doña Anita, les yeux constamment fixés sur le Tigrero, rougissait et pâlissait successivement, ne comprenant rien à son impassibilité et à sa parfaite tranquillité.

Ils mirent pied à terre dans la seconde cour, devant la porte d’honneur.

— Où est donc le comte de Lhorailles ? demanda l’haciendero, étonné que son gendre futur non-seulement ne fût pas venu au-devant de lui, mais encore ne se trouvât pas là pour le recevoir.

— Monsieur le comte sera désespéré, lorsqu’il apprendra votre arrivée ici, de ne pas s’être trouvé présent, répondit le majordome en se confondant en excuses.

— Est-il donc absent ?

— Oui, seigneur.

— Mais il sera bientôt de retour ?

— Je ne le pense pas ; le capitaine est parti à la poursuite des sauvages, à la tête de toute sa compagnie.

Cette nouvelle fut un coup de foudre pour don Sylva.

Le Tigrero et doña Anita échangèrent un regard de bonheur.