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Le comte s’était levé depuis quelques minutes, il marchait à grands pas dans la salle. À ces derniers mots, il s’arrêta devant l’étranger.

— Ainsi, dit-il d’une voix sombre, le guet-apens du Rancho…

— Était un moyen employé par l’amoureux pour se débarrasser de vous, oui, señor, répondit paisiblement l’inconnu.

— Cet homme n’est donc alors qu’un misérable assassin ? reprit-il avec mépris.

— Vous vous trompez, caballero ; il ne voulait que vous obliger à vous retirer ; la preuve c’est que votre vie était entre ses mains, et qu’il n’a pas voulu la prendre.

— Enfin ! s’écria le comte, assassin ou non, vous allez me dire son nom, maintenant, n’est-ce pas, car vous avez fini, je suppose ?

— Pas encore. Après la rencontre du Rancho, vous vous êtes dirigé vers votre hacienda, accompagné de votre futur beau-père et de votre fiancée ; là encore, sans vous donner un instant de répit, la haine de l’amoureux de doña Anita vous a poursuivi, les Apaches vous ont attaqué.

— Eh bien ?

— Eh bien, faut-il donc tout vous expliquer ? Ne comprenez-vous pas que cet homme était de connivence avec les Peaux-Rouges ?

— Et doña Anita le savait ?

— Je ne l’affirmerai pas, mais c’est probable.

— Oh !

— N’est-ce pas, que c’était bien joué ?

Le comte se mordit les lèvres jusqu’au sang pour ne pas éclater.