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prendre toutes les précautions nécessaires à une course dans le désert.

Le lendemain, les Français devaient abandonner définitivement leur position de la Casa-Grande.

Le comte fêtait avec ses officiers la victoire remportée la veille, et les faisait boire au succès de l’expédition que l’on allait tenter le lendemain.

Excité par les nombreuses libations qu’il avait faites, par les nombreux toasts qu’il avait portés et surtout par l’espoir d’une réussite complète avant peu de temps, le comte se trouvait dans les meilleures dispositions pour écouter le singulier message dont le vieux sous-officier s’était chargé à son corps défendant.

— Et quel homme est-ce que cet individu ? demanda-t-il, lorsque l’autre se fut tant bien que mal acquitté de sa commission.

— Ma foi, capitaine, répondit le sous-officier, autant que j’ai pu le voir, il m’a semblé un gaillard assez jeune, bien découplé et surtout doué d’une assurance rare, pour ne pas dire plus.

Monsieur de Lhorailles réfléchit un instant.

— Faut-il le fusiller ? demanda le soldat, qui prit ce silence pour une condamnation.

— Peste ! comme vous y allez, Boilaud, fit le comte en riant et en relevant la tête. Non ! non ! c’est une bonne fortune pour nous que l’arrivée de ce drôle. Amenez-le au contraire ici avec tous les égards et toute la politesse possible.

Le sergent salua et se retira.

— Messieurs, dit le comte, vous vous rappelez le guet-apens dont j’ai failli être victime ; un certain mystère, dont jusqu’à présent je n’ai jamais pu