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il avait toujours différé d’obéir, sous des prétextes plus ou moins plausibles ; mais au fond parce qu’il ne se souciait nullement, tout brave qu’il était, de se mesurer avec les Peaux-Rouges, si redoutables et si difficiles à vaincre, surtout lorsqu’on les attaque sur leur propre territoire.

Le comte avait réuni cent vingt Français de la colonie, auxquels le capataz, qui, lui aussi, brûlait de retrouver et de délivrer son maître et sa jeune maîtresse, joignit trente peones résolus, ce qui fit monter l’effectif de la petite troupe à cent cinquante cavaliers bien armés et aguerris.

Le comte avait offert aux chasseurs, dont le secours lui avait été si précieux précédemment, de l’accompagner ; il aurait été heureux de posséder, non-seulement des compagnons aussi intrépides, mais encore des guides aussi sûrs que ceux-là pour le conduire sur la piste des Indiens qu’il était résolu à forcer jusque dans leurs derniers retranchements ; mais le comte Louis et ses deux amis, sans autrement motiver leur refus que par la nécessité de continuer leur voyage sans retard, avaient pris congé de Monsieur de Lhorailles sans rien vouloir écouter, et en refusant péremptoirement les offres brillantes qui leur étaient faites.

Le comte avait été contraint de se contenter du capataz et de ses peones ; malheureusement ces hommes étaient des costeños, c’est-à-dire des habitants du littoral, connaissant fort bien la côte, mais d’une ignorance complète pour tout ce qui avait rapport à tierra a dentro, c’est-à-dire les contrées de l’intérieur.

C’était donc sous la conduite de ces guides inex-