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— Bien ; je vois que toujours le Moqueur est mon fils bien-aimé. Avec quel chef a-t-il fait alliance ? ce ne peut être avec l’Ours-Noir, l’ennemi implacable des Comanches, celui qui, il y a quatre lunes, a brûlé deux villages de ma nation.

— Un nuage avait passé sur l’esprit du Moqueur, sa haine pour les blancs l’avait rendu aveugle, la sagesse lui a fait défaut : c’est avec l’Ours-Noir qu’il s’est allié.

— Ooah ! la Tête-d’Aigle a eu raison de retourner vers les village de ses pères. Mon fils obéira-t-il au sachem ?

— Quoi qu’il ordonne, j’obéirai.

— Bon ! que mon fils me suive.

Les deux chefs se levèrent.

La Tête-d’Aigle se dirigea vers l’isthme, en agitant sa robe de bison de la main droite en signe de paix ; le Moqueur le suivait à quelques pas en arrière.

Les Comanches voyaient avec étonnement leurs sachems demander à parlementer avec les Yoris ; mais habitués à obéir à leurs chefs sans discuter les ordres qu’il leur plaisait de leur donner, ils ne témoignaient aucune colère de cette démarche, dont cependant ils ne comprenaient pas le but.

Les sentinelles placées derrière la batterie de l’isthme distinguèrent facilement, aux rayons de la lune, les mouvements pacifiques des Indiens et les laissèrent approcher jusqu’au bord du fossé.

— Un sachem veut entretenir le chef des visages pâles, dit alors la Tête-d’Aigle.

— Bien, répondit-on en espagnol de l’intérieur ; attendez un instant, on va le prévenir.