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Sur ce, ces hommes, habitués de longue main à agir sans perdre un temps précieux en paroles inutiles, se séparèrent ; don Luis et Belhumeur regagnèrent la terre ferme du côté de l’hacienda, tandis que le chef indien dirigeait son cheval du côté opposé.

Blas Vasquez demeura seul avec ses peones.

Seulement, comme Blas Vasquez était habitué de longue date aux guerres indiennes et qu’il comprenait la responsabilité qui allait, à partir de cet instant, peser sur lui, il sentit qu’il lui fallait redoubler de vigilance ; en conséquence, il posa des sentinelles sur tous les points, leur recommanda la surveillance la plus active, revint se coucher auprès du brasier, s’enveloppa dans sa fressada et s’endormit tranquille, certain que ses factionnaires veilleraient attentivement à tout ce qui se passerait sur la terre ferme.

Nous abandonnerons un instant le comte de Prébois Crancé et Belhumeur, pour suivre la Tête-d’Aigle.

La mission dont s’était chargé, ou plutôt dont ses amis avaient chargé le chef, n’était rien moins que facile ; mais la Tête-d’Aigle était un homme expérimenté, au fait de toutes les ruses indiennes, et doué de ce flegme inaltérable qui, dans les grandes circonstances de la vie, entre pour beaucoup dans le succès. Après s’être séparé de ses compagnons, il alla au pas de son cheval jusqu’au bord de l’eau, et lorsqu’il fut arrivé à l’endroit où il voulait traverser la rivière, son plan était clair et lucide dans sa tête.

Le chef, au lieu de passer du côté du fleuve par