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Son cheval, à la tête petite et aux jambes fines comme des fuseaux, était splendidement accoutré ; las armas de agua, le zarape attaché sur sa croupe, et sa magnifique anquera garnie de chaînettes d’acier, lui complétaient un harnachement dont on ne peut en Europe se faire une idée.

Comme tous les Mexicains d’une certaine classe, lorsqu’ils voyagent, l’étranger était armé de pied en cap, c’est-à-dire qu’en sus du lasso attaché à sa selle et du fusil placé en travers de ses arçons, il avait encore une longue épée au côté et une paire de pistolets à la ceinture, sans compter le couteau dont on voyait le manche damasquiné en argent sortir de l’une de ses bottes vaqueras.

Enfin, tel que nous venons de le présenter, cet homme était le type complet du Mexicain de la Sonora, toujours prêt à la paix comme à la guerre, ne redoutant pas plus l’une qu’il ne méprisait l’autre.

Après s’être poliment incliné devant Tio-Lucas, il prit les cartes que celui-ci lui offrait et les retourna un instant entre ses doigts en regardant autour de lui.

— Eh ! fit-il en jetant un regard amical au lepero, vous êtes ici, compadre Cucharès ?

— Pour vous servir, don Martial, répondit l’autre en portant la main à l’aile délabrée de son feutre.

L’étranger sourit.

— Veuillez être assez bon pour tailler à ma place tandis que j’allumerai mon pajillo.

— Avec plaisir ! s’écria le lepero.

El Tigrero ou don Martial, comme il plaira au lecteur de le nommer, sortit un mechero d’or de sa