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Excellents cavaliers, intrépides chasseurs, guerriers cruels et sans pitié, les Comanches et les Apaches sont pour les habitants du nouveau Mexique de redoutables voisins. Chaque année, à la même époque, ces féroces guerriers s’élancent au nombre de plusieurs milliers du fond de leurs déserts, franchissent les fleuves à gué ou à la nage et envahissent, sur plusieurs points, les frontières mexicaines, brûlant, saccageant tout ce qui se trouve sur leur passage, emmenant les femmes et les enfants en esclavage, et répandant la terreur et la désolation à plus de dix et quelquefois vingt lieues dans l’intérieur du territoire civilisé.

À l’époque de la domination espagnole, il n’en était pas ainsi. De nombreuses missions, des presidios, des postes établis de distance en distance et des corps de troupes, spécialement chargés de ce service, disséminés sur toute la frontière, repoussaient les attaques des Indiens, les refoulaient dans leurs déserts et les contenaient dans les limites de leurs territoires de chasse ; mais depuis la proclamation de leur indépendance, les Mexicains ont eu si fort à faire à s’entre-tuer et à s’entre déchirer au moyen de révolutions sans but et sans moralité, que les postes ont été rappelés, les missions saccagées, les presidios abandonnés, et les frontières se sont gardés comme elles l’ont pu, c’est-à-dire pas du tout. Alors, il en est résulté que les Indiens se sont peu à peu rapproché, ont de nouveau franchi les rivières, et ne trouvant aucune résistance sérieuse devant eux, par la raison toute simple que le gouvernement de Mexico défend, sous les peines les plus graves, de donner des armes à feu aux Indiens