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hommes que Belhumeur et ses amis s’étaient rencontrés sur la route de l’armée indienne.

Le Canadien veillait.

À la première fumée qui s’éleva dans le lointain, il comprit l’intention des Peaux-Rouges, et, sans perdre un instant, il expédia la Tête-d’Aigle à la colonie, afin d’informer le comte de ce qui se passait.

Cependant, derrière l’incendie, les Comanches arrivaient ventre à terre, détruisant et foulant sous les pieds de leurs chevaux ce que, par hasard, le feu avait épargné.

La nuit était entièrement tombée lorsque le Moqueur arriva en vue de la colonie. Supposant que, grâce à la rapidité de sa marche, les blancs n’auraient pas eu le temps de se mettre sur la défensive, il embusqua une partie de sa troupe, se plaça à la tête du reste, et s’avança en rampant avec toutes les précautions usitées en pareil cas, vers la batterie de l’isthme.

Personne ne paraissait ; les talus et les retranchements semblaient abandonnés ; le Moqueur poussa son cri de guerre, se releva subitement, et, bondissant comme un jaguar suivi de ses guerriers, il gravit les retranchements ; mais au moment où les Comanches se préparaient à sauter dans l’intérieur, une effroyable décharge, tirée à bout portant, coucha par terre près de la moitié du détachement indien ; ceux qui survécurent prirent la fuite.

Les Comanches avaient un grand désavantage sur les blancs ; ils ne possédaient pas d’armes à feu. La mousqueterie les décimait sans qu’ils pussent répondre autrement qu’en lançant leurs flèches