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— Qu’il en soit ainsi, répondit le Moqueur d’une voix austère ; ne sommes-nous pas tous enfants de Wacondah ?

Et, sans ajouter un mot, il alla, suivi par les deux autres chefs, s’asseoir auprès du feu du conseil, côte à côte avec les Apaches.

La conversation fut une autre fois interrompue. Chacun fumait.

Enfin, lorsque les tuyaux des calumets ne continrent plus que des cendres, l’Ours-Noir se tourna avec un sourire courtois vers le Moqueur.

— Mes frères les Comanches des lacs poursuivent les bisons non loin d’ici sans doute, alors la pensée leur est venue de visiter leurs frères apaches. Je les en remercie.

Le Moqueur s’inclina.

— Les Comanches des lacs sont loin encore à la poursuite des antilopes sur le Del Norte ; le Moqueur et quelques guerriers dévoués de sa tribu qui l’accompagnent sont les seuls campés sur ces territoires de chasse.

— Le Moqueur est un chef renommé dans la prairie, répondit gracieusement l’Apache ; l’Ours-Noir est heureux de l’avoir vu. Un aussi grand guerrier que mon frère ne se dérange pas ainsi sans motif plausible.

— L’Ours-Noir a deviné ; le Moqueur est venu pour renouer avec ses frères apaches les nœuds étroits d’une amitié loyale. Pourquoi, au lieu de nous disputer un territoire sur lequel nous avons des droits égaux, ne le partagerions-nous pas entre nous ? Les hommes rouges doivent-ils donc s’entre-détruire ? Ne vaudrait-il pas mieux enterrer, auprès