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heures de l’après-midi, malgré le soleil incandescent dont les rayons pesaient d’aplomb sur la ville, Guaymas, d’ordinaire si calme à cette heure, où tous les habitants, vaincus par la chaleur, dorment au fond de leurs maisons, présentait un aspect animé qui aurait surpris l’étranger que le hasard aurait amené en ce moment, et lui aurait immanquablement fait supposer qu’il allait assister à l’un des mille pronunciamentos qui éclosent chaque année dans ce malheureux pays.

Cependant il n’en était rien.

L’autorité militaire, représentée par le général San Benito, gouverneur de Guaymas, était ou semblait être satisfaite du gouvernement.

Les contrebandiers, les leperos et les hiaquis continuaient à vivre à peu près en bonne intelligence, sans trop se plaindre du pouvoir.

D’où provenait donc l’agitation extraordinaire qui régnait dans la ville ?

Quelle raison assez forte tenait éveillée toute cette indolente population et lui faisait oublier sa siesta ? Depuis trois jours la ville était en proie à la fièvre de l’or.

Le gouverneur, se rendant aux supplications de plusieurs négociants considérables, avait autorisé pour cinq jours une feria de plata, littéralement, une foire à l’argent.

Des jeux, tenus par des personnes de distinction, étaient ouverts au public dans les principales maisons.

Mais ce qui imprimait à cette fête un cachet d’étrangeté impossible à rencontrer ailleurs, c’est que sur les places et dans toutes les rues étaient installées