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qu’après, mais je ne veux pas que le moindre nuage s’élève entre nous.

L’Indien repoussa d’un geste la bourse que lui tendait son interlocuteur.

— L’Ours-Noir a réfléchi, dit-il froidement.

— À quoi ? s’il vous plaît.

— Un guerrier n’est pas une femme pour perdre ses paroles ; ce que mon frère pâle avait offert à l’Ours-Noir, le chef apache le refuse.

— Ce qui veut dire ?

— Que tout est rompu.

Le Mexicain réprima avec peine un geste de désappointement.

— Ainsi, dit-il, vous n’avez pas prévenu vos guerriers ; lorsque je vous en donnerai l’ordre, vous n’attaquerez pas l’hacienda ?

— L’Ours-Noir a prévenu ses guerriers, il attaquera les visages pâles.

— Que m’avez-vous donc dit il y a un instant ? Je vous avoue que je ne vous comprends plus, chef.

— Parce que le visage pâle ne veut pas comprendre : l’Ours-Noir attaquera l’hacienda, mais pour son propre compte.

— Cela était convenu entre nous, il me semble.

— Oui, mais l’Ours-Noir a vu l’oiseau qui chante, sa hutte est vide, il veut y mettre la jeune vierge pâle.

— Misérable ! s’écria le Mexicain avec colère, est-ce ainsi que vous me trahissez ?

— En quoi ai-je trahi le visage pâle ? répondit l’Indien, toujours impassible ; il m’a offert un marché, je le refuse, je ne vois rien là que de loyal.