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— Eh ! fit don Sylva en apercevant cet homme, Blaz, appelez l’Indien qui marche là-bas, ces diables de Peaux-Rouges connaissent à fond le désert, celui-là nous servira de guide ; de cette façon, nous ne craindrons plus de nous égarer, car si nous nous trompons, nous sommes certains qu’il nous remettra dans la bonne route.

— Vous avez raison, observa le comte ; dans ces sables maudits, on n’est jamais sûr de sa direction.

— Allez là-bas, reprit don Sylva.

Le capataz mit son cheval au galop. Arrivé à une courte distance du voyageur solitaire, il forma une espèce de porte-voix avec ses mains.

— Holà, José ! s’écria-t-il.

Au Mexique, tous les Indiens mansos ou civilisés se nomment José et répondent à cette appellation devenue pour eux générique. L’Indien ainsi hêlé se retourna.

— Que voulez-vous ? dit-il d’un air nonchalant.

Cet homme était celui que nous avons vu à Guaymas surveiller si attentivement les préparatifs du départ de l’haciendero.

Était-ce le hasard qui l’amenait en cet endroit ? C’est ce que nul n’aurait pu dire.

Blaz Vasquez était ce qu’on appelle au Mexique hombre de a caballo rompu depuis longtemps aux ruses indiennes comme à la chasse des bêtes fauves. Il jeta sur le voyageur un regard profondément inquisiteur que celui-ci supporta avec une aisance parfaite. La tête craintivement baissée, les mains appuyées sur le cou de l’âne, ses jambes nues pendantes à droite et à gauche, il offrait le type complet