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elle se pelotonna immédiatement comme un bengali dans un nid de feuilles de roses.

Sur un signe de l’haciendero, les mules, attachées à la queue les unes des autres, commencèrent à sortir de la maison derrière la nana, dont elles suivaient le grelot, et escortées par les péons.

Avant que de monter à cheval, don Sylva se tourna vers un vieux domestique qui, son chapeau de paille à la main, se tenait respectueusement près de lui :

— Adieu, ño Pelucho, lui dit-il ; je vous confie la maison, faites bonne garde, ayez soin de tout ce qui s’y trouve. Du reste, je vous laisse Pedrito et Florentio qui vous aideront, et auxquels vous donnerez les ordres nécessaires pour que tout aille bien en mon absence.

— Vous pouvez être tranquille, mi amo, répondit le vieillard en saluant son maître ; grâce à Dieu ce n’est pas la première fois que vous me laissez seul ici, je crois toujours m’être bien acquitté de mes devoirs.

— Vous êtes un bon serviteur, ño Pelucho, répondit don Sylva en souriant, je n’ai que des compliments à vous faire, aussi je pars on ne peut plus tranquille.

— Que Dieu vous bénisse ! mi amo, ainsi que la Niña, reprit le vieil homme en se signant.

— Au revoir, ño Pelucho, dit alors la jeune fille « n se penchant hors du palanquin, je sais que vous êtes soigneux de tout ce qui m’appartient.

Le vieillard s’inclina avec un mouvement de joie.

Don Sylva donna l’ordre du départ, et toute la caravane s’ébranla dans la direction du Rancho de San José.