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VIII

Le Départ.

Ainsi que don Sylva de Torrès l’avait annoncé à sa fille, au point du jour tout était prêt pour le départ.

Au Mexique et surtout dans la Sonora, où presque partout, les routes ne brillent le plus souvent que par leur absence, la manière de voyager diffère entièrement de celle qui est adoptée en Europe.

Là, pas de voitures publiques, pas de relais de poste ; le seul moyen de transport connu et pratiqué est le cheval.

Un voyage de quelques jours seulement entraîne des soins et des tracas interminables ; il faut tout emporter avec soi, parce que l’on est certain de ne rien trouver sur sa route ; lits, tentes, vivres, jusqu’à l’eau, l’eau surtout, tout doit être transporté à dos de mules. Sans ces précautions, indispensables, on courrait le risque de mourir de faim ou de soif et de coucher à la belle étoile.

Il faut encore se munir d’une escorte considérable et surtout bien armée, afin de repousser les attaques des bêtes fauves, des Indiens et surtout des voleurs, dont, grâce à l’anarchie dans laquelle est plongé ce malheureux pays, toutes les routes du Mexique pullulent.

Ainsi, d’après ce qu’on vient de lire, il est facile de comprendre le vif désir qu’avait don Sylva de quitter Guaymas le plus tôt possible, puisque, ainsi que nous l’avons dit, au point du jour tout était prêt pour le départ.