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qu’il avait soutenue, le comte allait mettre à exécution sa menace de jeter bas la porte, lorsqu’elle s’ouvrit enfin.

Valga me Dios ! s’écria-t-il avec colère, est-ce donc ainsi que vous laissez assassiner tes gens devant vos maisons, sans leur venir en aide ?

— Oh ! oh ! s’écria le pulquero d’un ton animé, y a-t-il quelqu’un de mort ?

— Non, grâce à Dieu, reprit le comte, mais peu s’en est fallu que je ne fusse tué.

— Oh ! fit le pulquero nonchalamment, si l’on se dérangeait pour tous ceux qui crient à l’aide la nuit, on aurait fort à faire, et puis c’est très-dangereux à cause de la police.

Le comte haussa les épaules et entra en tirant son cheval après lui ; la porte fut refermée immédiatement.

Monsieur de Lhorailles ignorait qu’au Mexique celui qui reconnaît un cadavre ou se porte partie civile contre l’assassin, est obligé de faire tous les frais d’une justice énormément coûteuse d’abord, et qui ensuite n’aboutit jamais à donner satisfaction à la victime.

Dans toutes les provinces mexicaines, on est tellement convaincu de la vérité de ce que nous avançons, que dès qu’un assassinat est commis chacun se sauve, sans songer à porter secours à la victime ; ce qui, le cas de mort échéant, occasionnerait de grands désagréments à l’individu charitable qui se serait arrêté pour la soulager.

En Sonora, on fait mieux encore : aussitôt qu’une rixe éclate et qu’un homme tombe, on ferme toutes les portes.