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LA

GRANDE FLIBUSTE

I

La Feria de Plata.

Dès les premiers jours de la découverte de l’Amérique, ses plages lointaines sont devenues le refuge et le rendez-vous des aventuriers de toutes sortes dont l’audacieux génie, étouffé par les entraves de la vieille civilisation européenne, cherchait à prendre son essor.

Les uns demandaient au Nouveau-Monde la liberté de conscience, le droit de prier Dieu à leur guise ; d’autres, brisant leurs épées pour en faire des poignards, assassinaient des nations entières pour voler leur or et s’enrichir de leurs dépouilles ; d’autres, enfin, natures indomptables, cœurs de lions dans des corps de fer, ne reconnaissant aucun frein, n’acceptant aucunes lois et confondant le mot liberté avec le mot licence, formèrent presque à leur insu cette formidable association des Frères de la Côte, qui fit un instant trembler l’Espagne pour ses possessions et avec laquelle Louis XIV, le roi-soleil, ne dédaigna pas de traiter.

Les descendants de ces hommes extraordinaires existent toujours en Amérique, et lorsque quelque soudain cataclysme révolutionnaire jette, après une