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— Ah ! ah ! c’est un guet-apens suivi d’un assassinat, alors ?

— Vous vous trompez ; on vous propose un combat loyal.

— Hum ! fit le comte, un combat loyal, deux contre un, est à mon avis un peu disproportionné, il me semble.

— Vous auriez raison s’il devait en être ainsi, répondit fièrement celui qui jusque là s’était chargé de la parole ; mais mon compagnon se contentera seulement d’assister au combat sans y prendre autrement part.

Le comte réfléchit.

— Pardieu ! dit-il enfin, l’aventure est extraordinaire ! un duel au Mexique et avec un Mexicain !… voilà une chose qui jusqu’à présent ne s’est jamais vue !

— C’est vrai, caballero, mais il y a commencement à tout.

— Assez de plaisanteries ; je ne demande pas mieux que de me battre, et j’espère vous prouver que je suis un homme résolu ; mais avant que d’accepter votre proposition, je ne serais pas fâché de savoir pourquoi vous voulez m’obliger à me battre avec vous.

— À quoi bon ?

— Comment, à quoi bon ? mais pour le savoir, corbleu ! Vous comprenez que je ne puis perdre mon temps à prêter le collet à toutes les mauvaises têtes que je rencontrerai sur ma route et auxquelles il viendra la fantaisie de se couper la gorge avec moi.

— Qu’il vous suffise de savoir que je vous hais.