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LA FIÈVRE D’OR.

Il avait, en montant à cheval, reçu un pli du commandant général de la province, dans lequel on lui intimait péremptoirement l’ordre de demeurer à Guaymas avec sa troupe, et de ne pas marcher en avant jusqu’à plus ample information, c’est-à-dire jusqu’à ce que le commandant général eût reçu du gouvernement central de Mexico des ordres positifs à ce sujet.

Comme il est facile de le supposer, cet ordre, intimé de cette façon brutale après ce qui s’était passé, n’avait obtenu qu’un résultat, celui de presser le départ du comte, révolté de cette violation flagrante de toutes les conditions stipulées dans son traité.

La petite troupe entra au Pitic sans éveiller la moindre attention ; à cette heure, les rues étaient déjà presque désertes, et les quelques voyageurs qu’ils rencontrèrent sur leur route, trompés par leur costume mexicain, ne se donnèrent seulement pas la peine de les regarder.

Le comte descendit rue de San-Agustino, devant une maison qu’il avait, sans en parler à personne, fait préparer pour lui.

Après avoir frappé légèrement à la porte, elle s’ouvrit et les cavaliers entrèrent.

Cette maison appartenait à un Français, alors parti pour un voyage dans l’intérieur pour raisons commerciales ; mais, en son absence, ses domestiques, se conformant à ses ordres, reçurent le comte avec les plus grands égards.

Celui-ci, après avoir dit quelques mots à voix basse à don Cornelio, qui s’éloigna aussitôt, se retira dans le cuarto préparé pour lui.

Don Luis était une nature forte et énergique,