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LA FIÈVRE D’OR.

La mer déferle doucement sur des rives garnies de palétuviers et couvertes des pousses serrées des mangliers, dont le vert pâle tranche avec le rouge terreux de la plage, et donne à ce port une apparence désolée et sauvage encore augmentée par la solitude continuelle de sa rade, où, à de longs intervalles seulement, de rares navires viennent s’abriter sous l’île del Venado, et où l’on ne voit ordinairement que quelques petits caboteurs et de misérables pirogues creusées dans des troncs d’arbres et appartenant aux Indiens hiaquis.

La ville s’étend nonchalamment le long de la grève, avec ses maisons blanches, basses et à toits plats, bâties en torchis, défendues par un fort en terre rougeâtre, armé de quelques pièces de canon rouillées et la plupart hors de service.

Guaymas, comme tous les pueblos de la république, est sale, mal bâti, ses rues ne sont pas pavées ; enfin, à chaque pas, on acquiert des preuves de cette incurie et de cette incapacité égoïste qui distinguent les Mexicains.

Derrière la ville s’élèvent de hautes montagnes abruptes et dénudées qui la garantissent des vents froids de la Cordilière.

Cependant Guaymas, fondée depuis quelques années à peine, et dont la population est aujourd’hui de cinq à six mille habitants au plus, est appelée, dans un temps prochain, grâce à la sûreté de son port et à sa magnifique position, à prendre une grande importance commerciale.

Le jour où nous reprenons notre récit, une heure environ après l’oracion, c’est-à-dire vers sept heures du soir, un homme embossé dans un épais manteau,