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LA FIÈVRE D’OR.

— Bref, reprit enfin Valentin, ce qui avait été dit fut fait. Je ne te rapporterai pas les incidents de notre voyage, cela nous ferait perdre un temps précieux ; qu’il te suffise de savoir que grâce à notre longue expérience des prairies, après avoir surmonté des obstacles sans nombre et risqué cent fois de tomber entre les mains des Peaux-Rouges, nous sommes enfin parvenus à la mine. Oh ! frère, je ne connais pas la richesse des placeres californiens, mais je doute qu’ils puissent se comparer à celui dont tu es aujourd’hui propriétaire.

— Ah ! s’écria Louis, c’est donc vrai, il est riche ?

— Mon ami, ses richesses sont incalculables ; l’or natif se trouve à fleur du sol. Moi, moi dont tu connais, je ne dirai pas le désintéressement, mais l’insouciance pour l’or, je fus ébloui, ébloui à ne pouvoir m’imaginer, pendant quelques instants, que ce que je voyais était réel ; à me demander enfin si j’étais bien éveillé et si je ne faisais pas un rêve.

Pendant que Valentin parlait ainsi, Louis marchait de long en large dans la chambre, essuyant la sueur qui perlait à son front.

— Oh ! s’écria-t-il avec agitation, maintenant je réussirai, quoi qu’il arrive !

— Ne défie pas le hasard, frère, répondit Valentin avec tristesse.

— Ne crois pas, frère, que ce soient ces richesses immenses qui me rendent fou. Non ! non ! que m’importe à moi ! je songe aux pauvres gens que j’ai attachés à ma fortune, à ceux qui ont eu confiance en moi, et qui par moi seront heureux ! Non, je ne porte pas un défi au hasard, je remercie la Providence !

Il revint s’asseoir, se versa un verre d’eau qu’il