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L’ÉCLAIREUR.

La jeune fille fit un geste d’étonnement, presque d’effroi.

— Vous me connaissez ! fit-elle.

— Ne vous ai-je pas dit que je savais tout ; allons, mon enfant, si ce n’est pour vous que ce soit pour elle, accompagnez-la, ne me contraignez pas à vous laisser ici aux mains d’ennemis terribles qui vous infligeront d’affreuses tortures.

— Vous le voulez, balbutia-t-elle tristement.

— C’est elle qui vous en prie par ma bouche.

— Eh bien, soit, le sacrifice sera complet ; je vous suivrai, bien que j’ignore si en agissant ainsi je fais bien ou mal ; mais malgré que je ne vous connaisse pas, qu’un masque me dérobe vos traits, j’ai foi en vos paroles ; il me semble que vous avez un noble cœur, Dieu veuille que je ne commette pas une erreur.

— C’est ce Dieu de bonté et de miséricorde qui vous inspire cette résolution, pauvre enfant.

Doña Luisa laissa tomber sa tête sur sa poitrine, en poussant un soupir qui ressemblait à un sanglot.

Ils continuèrent à marcher auprès l’un de l’autre sans échanger un seul mot.

La troupe était sortie des cloîtres et parcourait en ce moment des bâtiments démeublés et qui depuis longues années semblaient ne pas avoir été habités.

— Où nous conduisez-vous donc, Niña ? demanda don Torribio ; je croyais que dans ce couvent les caveaux étaient, comme dans les autres, creusés sous le sol de l’église.

La jeune fille sourit tristement.

— Aussi n’est-ce pas aux caveaux que je vous conduis, répondit-elle d’une voix tremblante,

— Où donc alors ?

— Aux in-pace !