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L’ÉCLAIREUR.

VIII.

Une ténébreuse histoire (fin).


Le pulquero s’était enfin décidé à obéir Soudain une pensée lumineuse traversa son cerveau, et ce fut le sourire aux lèvres qu’il souleva le marteau pour frapper.

Au moment où il allait le laisser retomber, don Torribio lui arrêta le bras.

— Qu’y a-t-il ? demanda Salado.

— Onze heures sont sonnées depuis longtemps déjà, tout le monde dort ou doit dormir dans le couvent, peut-être vaudrait-il mieux employer un autre moyen.

— Vous vous trompez, caballero, répondit le pulquero ; la tourière veille.

— Vous en êtes sûr ?

— Caramba ! — répliqua l’autre, qui avait enfin formé son plan et qui maintenant craignait d’être obligé de restituer l’argent qu’il avait reçu si l’homme qui le poussait en avant changeait de résolution, — le couvent des Bernardines de Mexico est ouvert jour et nuit aux gens qui viennent y chercher des médicaments. Laissez-moi faire.

— Allez donc alors, répondit le chef de l’expédition en lui lâchant le bras.

Salado ne se fit pas répéter l’autorisation de peur d’une nouvelle objection, il se hâta de laisser tomber le marteau qui résonna sur son clou de cuivre. Don Torribio et ses compagnons s’étaient effacés contre la muraille.

Au bout d’un instant la planchette du judas glissa dans sa rainure, et la face ridée de la tourière apparut à l’ouverture.

— Qui êtes-vous, mon frère ? demanda-t-elle d’une voix