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L’ÉCLAIREUR.

Les bandits se dispersèrent dans toutes les directions avec la rapidité d’une volée d’oiseaux de proie ; deux minutes plus tard ils avaient disparu aux angles des rues les plus rapprochées,

Pepito seul était resté.

— Et moi, demanda-t-il respectueusement à don Torribio, ne voulez-vous pas, Seigneurie, que je vous accompagne ? je m’ennuirai bien si je restais seul ici.

— Je ne demanderais pas mieux que de t’emmener, mais qui nous préparera les chevaux si tu m’accompagnes.

— C’est vrai, je n’y songeais pas.

— Mais sois tranquille, muchacho, si je réussis, comme je l’espère, tu viendras avec moi bientôt.

Pepito, complètement rassuré par cette promesse, salua respectueusement l’homme mystérieux qui semblait être son chef, et rentra dans sa maison, dont il renferma soigneusement la porte sur lui.

Don Torribio, demeuré seul, resta quelques instants plongé dans de profondes réflexions ; enfin il releva la tête, enfonça son chapeau sur les yeux, s’enveloppa avec soin dans son esclavina et s’éloigna à grands pas en murmurant à voix basse :

— Réussirai-je ?

Question à laquelle personne, pas même lui, n’aurait pu répondre.

Le couvent des Bernardines s’élève dans un des plus beaux quartiers de Mexico, non loin du Paseo de Bucarelli, la promenade à la mode ; c’est un vaste édifice construit entièrement en pierres de taille, qui date de la reconstruction de la ville après la conquête et qui fut fondé par Fernando Cortez lui-même. Son ensemble est imposant et majestueux comme tous les couvents espagnols : c’est presque une petite ville dans la grande, car il renferme