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L’ÉCLAIREUR.

— Le chef oubliera cette femme, qui ne l’aime pas et qui ne peut être la sienne ; cela vaudra mieux, d’autant plus que l’Aigle-Volant ne consentira pas à la lui céder.

— Le Loup-Rouge a des guerriers pour soutenir ses paroles, dit l’Indien avec orgueil ; l’Aigle-Volant est seul, comment s’opposera-t-il à la Volonté du sachem ?

Bon-Affût sourit.

— L’Aigle-Volant a des amis nombreux, dit-il ; il est en ce moment réfugié dans le camp des visages pâles dont le Loup-Rouge peut d’ici voir étinceler les feux dans la nuit ; que mon frère prête l’oreille, je crois entendre des bruits de pas dans la forêt.

L’Indien se leva avec agitation ; en ce moment trois hommes entrèrent dans la clairière ; ces trois hommes étaient Balle-Franche, Ruperto et Domingo.

À leur vue les Apaches, qui les connaissaient parfaitement, se levèrent en tumulte et poussèrent un cri d’étonnement, presque de frayeur, en saisissant leurs armes. Les trois chasseurs continuèrent à s’avancer tranquillement sans paraître s’occuper de ces démonstrations presque hostiles.

Nous allons expliquer en quelques mots l’apparition des chasseurs et leur intervention qui allait changer probablement la face des choses.



V.

Explications mutuelles.


Balle-Franche et ses deux compagnons, grâce à la position qu’ils occupaient, non-seulement voyaient tout ce qui se passait dans la clairière, mais encore ils entendaient, sans en perdre un mot, la conversation de Bon-Affût et du Loup-Rouge.