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L’ÉCLAIREUR.

courant le monticule. Bon-Affût, plus calme que le jeune homme, commença par imiter, à trois reprises différentes, le cri de l’épervier d’eau, signal convenu entre lui et ses compagnons.

Au bout d’une minute, qui lui sembla un siècle, le même cri lui répondit.

— Dieu soit loué ! s’écria-t-il, nous sommes sauvés !

Il s’avança alors vers la jeune fille et voulut la prendre dans ses bras.

— Non, lui répondit-elle en souriant, je vous remercie ; je suis forte, moi, je puis marcher.

— Venez donc alors, au nom du ciel !

La jeune fille se leva.

— Allez, dit-elle, je vous suis. Songez à votre salut, je saurai me défendre !

Et elle montra au chasseur les pistolets que celui-ci lui avait remis deux mois auparavant.

— Brave fille ! s’écria le chasseur. C’est égal, ne me quittez pas !

Il l’obligea à descendre devant lui, et tous deux abandonnèrent enfin le monticule. Arrivés à peu près à moitié chemin de la forêt, les chasseurs furent contraints de s’arrêter, les jeunes filles, épuisées de fatigue et d’émotion, sentaient qu’elles ne pouvaient aller plus loin.

Soudain une nombreuse troupe de cavaliers, à la tête desquels se trouvaient don Mariano, Balle-Franche et Ruperto, déboucha au galop de la forêt et accourut vers eux.

— Ah ! s’écria don Miguel avec une joie délirante, je l’ai donc sauvée enfin !

Les jeunes filles montèrent sur des chevaux préparés à l’avance pour elle et furent placées au centre du détachement.

— Ma fille ! ma fille chérie ! répétait don Mariano en la couvrant de baisers.