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L’ÉCLAIREUR.

Les chasseurs s’engagèrent donc dans la rue qui se trouvait devant eux et aboutissait au pont.

Le hasard les avait bien servis ; après dix minutes de marche, ils se trouvèrent à l’entrée de la grand’place.

— Là, fit Balle-Franche d’un ton ravi ; le bonheur est avec nous, nous ne pouvons nous plaindre ; du reste, cela devait être ainsi ; le hasard favorise toujours les fous, à ce titre nous avons droit à toute sa sympathie.

— Silence ! dit vivement don Miguel, voici quelqu’un.

— Où cela ?

Le jeune homme étendit le bras dans la direction du temple du Soleil.

— Voyez, répondit-il.

— En effet, murmura Balle-Franche après un instant ; mais il me semble que cet homme fait comme nous. Il a l’air d’être aux aguets. Quelle raison peut le faire veiller aussi tard ?

Après s’être, en quelques mots, concertés entre eux, les deux aventuriers se séparèrent, et, de deux côtés différents, s’approchèrent à pas de loup du côté du nocturne promeneur, en se dissimulant le mieux qu’il leur était possible dans l’ombre, ce qui n’était pas une tâche facile. La lune était levée depuis quelque temps et répandait une lueur assez faible, il est vrai, mais cependant suffisante pour laisser, à une assez grande distance, distinguer les objets. L’homme vers lequel s’avançaient les aventuriers était toujours immobile à l’endroit où ils l’avaient aperçu ; le corps penché en avant, l’oreille appuyée contre la porte du temple, il semblait écouter avec attention. Don Miguel et Balle-Franche n’étaient plus qu’à cinq ou six pas, ils se préparaient à fondre sur lui, lorsque tout à coup il se redressa. Ils étouffèrent avec peine un cri de surprise.

— L’Aigle-Volant ! murmurèrent-ils. Mais, si bas qu’ils