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L’ÉCLAIREUR.

prêtre de la présence à Quiepaa-Tani d’un grand médecin yuma nommé Deux-Lapins, dont la science pouvait être utile au rétablissement de la santé des prisonnières d’Addick. L’amantzin avait remercié l’Indienne en lui disant qu’il verrait probablement Atoyac au conseil et qu’il ne manquerait pas de le prier de lui amener Deux-Lapins.

Plus tranquille désormais, l’amantzin congédia les deux femmes et se rendit auprès d’Addick, bien préparé à le recevoir.

Aux premiers mots que lui dit le jeune chef relativement au vif désir qu’il avait de voir ses prisonnières le plus tôt possible, le vieillard répondit qu’afin d’être à même de les surveiller plus efficacement et de les soustraire à la curiosité gênante des oisifs de la ville qui tous les obsédaient de leurs continuelles visites, il avait été obligé de les transférer au palais des vierges du Soleil, en attendant qu’elles fussent rendues à leur légitime possesseur.

Addick se confondit en remerciements pour le soin que son ami avait mis à s’acquitter de la mission qu’il lui avait confiée, remerciements que le grand-prêtre reçut avec une hypocrite modestie, tout en le regardant avec un sourire narquois qui donna fort à penser au jeune chef.

Aussi, sans plus de tergiversations, se résolut-il à aborder franchement la question.



XXXIV.

Conversation.

Les deux hommes demeurèrent un instant silencieux en face l’un de l’autre, se dévorant du regard, les sourcils