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L’ÉCLAIREUR.

— J’y consens, fit-il, mais à condition qu’il mourra.

Un sourire sinistre plissa pendant une seconde les lèvres minces de l’Indien.

— Oui, répondit-il, et d’une mort apache.

Détachant alors l’arc qu’il portait suspendu auprès de son carquois de peau de panthère, il entoura le crâne du gambucino avec la corde, et faisant tourniquet au moyen d’une flèche passée dans cette corde, tandis que, le genou appuyé entre les épaules du misérable, il empoignait fortement sa chevelure de la main droite et la tirait à lui, il le scalpa ainsi, en lui infligeant la plus abominable torture qui se puisse imaginer, puisque, au lieu de toucher les chairs avec son couteau, il les arracha littéralement au moyen de la corde. Le bandit le visage inondé de sang, les traits défigurés, joignit les mains avec effort en s’écriant avec une expression impossible à rendre :

— Tuez-moi ! oh ! par pitié, tuez-moi !

Le Comanche rapprocha son visage féroce de celui du bandit.

— On ne tue pas les traîtres ! dit-il d’une voix sourde. Et, le saisissant par le cou, il passa la lame de son couteau entre ses dents serrées, lui ouvrit la bouche de force et lui arracha la langue qu’il jeta avec dégoût.

— Meurs comme un chien, lui dit-il ; ta langue menteuse ne trahira plus personne.

Domingo poussa un cri de douleur tellement horrible que les assistants tressaillirent de terreur, et il roula sans connaissance sur le sol[1].

L’Aigle-Volant repoussa dédaigneusement du pied le corps du bandit, et se tournant vers ses compagnons :

— Partons, dit-il.

  1. Le récit de ce supplice est historique ; l’auteur l’a vu infliger par un Apache à un Américain du Nord.