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L’ÉCLAIREUR.

d’intérêt à atteindre. Cependant, croyant ne plus avoir rien à redouter de leurs ennemis, ils abandonnèrent pendant quelques instants les pagaies afin de se délasser et prendre un peu de nourriture.

Le jour était venu sur ces entrefaites, un magnifique paysage se déroula aux yeux éblouis des aventuriers.

— Oh ! s’écria l’Aigle-Volant avec une expression de surprise.

— Qu’y a-t-il ? dit aussitôt Bon-Affût qui comprit que le chef avait aperçu quelque chose d’extraordinaire.

— Voyez ! reprit emphatiquement le comanche en tendant le bras dans la direction qu’ils avaient parcourue pendant la nuit.

— Vertudieu ! s’écria le Canadien, deux pirogues à notre poursuite ! Oh ! oh ! il va falloir en découdre.

— Cuerpo del Christo ! fit à son tour Domingo avec un soubresaut qui faillit faire chavirer la frêle embarcation.

— Quoi encore ?

— Regardez !

— Mille diables ! exclama le chasseur, nous sommes cernés.

En effets, deux pirogues s’avançaient rapidement à l’arrière des aventuriers, tandis que deux autres, parties de deux points opposés de la berge, venaient sur leur avant dans l’intention évidente de leur barrer le passage et leur couper la retraite.

— Voto a Dios ! voilà des Peaux-Rouges qui veulent nous faire danser un singulier jaleo ! murmura Domingo. Qu’en dites-vous, vieux chasseur ?

— Bon, bon, fit gaiement Bon-Affût, nous leur payerons la musique. Attention, compagnons, et redoublons d’énergie.