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L’ÉCLAIREUR.

vont suivre, nous reprendrons notre récit au point où nous l’avons interrompu.

Après trois heures d’une marche fatigante et difficile dans les hautes herbes, les aventuriers atteignirent les premiers contre-forts qu’ils voulaient franchir.

Vers le milieu de la nuit, Bon-Affût, après avoir accorde deux heures de repos à ses compagnons, se remit en marche.

Au lever du soleil, ils arrivèrent à une espèce de cañon ou gorge étroite formée par deux murailles de rochers perpendiculaires, ils furent contraints de marcher pendant quatre heures dans le lit d’un torrent à demi desséché, où les pas ne laissaient heureusement aucune empreinte visible.

Pendant plusieurs jours leur voyage à travers des montagnes abruptes et désolées s’effectua avec de grande fatigues, mais sans offrir d’incident digne d’être rapporté ; enfin ils se trouvèrent de nouveau dans la région des tierras calientes ; la verdure avait reparu, la chaleur se faisait sentir ; aussi les aventuriers, qui venaient de souffrir beaucoup du froid dans les hautes régions de la Serranía, éprouvèrent-ils une sensation de bien-être indicible en aspirant les émanations de cette atmosphère douce et embaumée, en contemplant ce ciel bleu et l’éblouissant soleil qui remplaçaient le ciel gris et blafard et l’étroit horizon chargé de brume et de givre des montagnes qu’ils laissaient derrière eux.

Vers la fin du quatrième jour, après avoir quitté les montagnes, Bon-Affût poussa un cri de satisfaction en apercevant surgir dans les lointains bleuâtres de la Prairie les premiers plans d’une immense forêt vierge vers laquelle il avait dirigé sa marche.

— Courage ! mes amis, dit-il, nous rencontrerons bientôt l’ombre et la fraîcheur qui nous manquent ici.