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n’étaient pas mortelles ; cependant la victoire coûtait cher : c’était un avertissement pour l’avenir.

Deux heures plus tard, la compagnie, rassemblée parle clairon, se rangeait silencieusement sur la place de la Mission, au centre de laquelle don Luis, Valentin et trois officiers, se tenaient assis gravement devant une table sur laquelle se trouvaient divers papiers.

À une table plus petite don Cornelio écrivait.

Le comte avait convoqué ses compagnons et avait formé une commission militaire présidée par lui afin de juger les prisonniers faits pendant le combat.

Don Luis se leva au milieu d’un religieux silence.

— Qu’on amène les prisonniers, dit-il.

Les hommes désignés précédemment par Curumilla parurent, conduits par un détachement d’aventuriers. Ils étaient délivrés des liens avec lesquels on les avait d’abord attachés. Bien qu’ils portassent toujours le costume des guerriers apaches, on les avait obligés à se laver et à faire disparaître les peintures qui les déguisaient.

Ces hommes paraissaient, non pas repentant de leur fourberie découverte, mats seulement honteux d’être ainsi donnés en spectacle.

— Amenez le dernier prisonnier, commanda don Luis.

À cet ordre, les aventuriers se regardèrent avec étonnement, ne comprenant pas ce que le comte voulait dire, puisque les neuf Mexicains étaient là.

Mais au bout d’un instant leur surprise se changea en colère, et une sourde rumeur parcourut leurs rangs comme un courant électrique.

Le colonel Florès venait de paraître ; il était sans armes, la tête nue, mais sa physionomie, empreinte