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VI

Représailles.

Les deux ennemis semblèrent, une seconde, se recueillir : puis soudain le sachem bondit en avant.

Le comte demeura immobile ; mais au moment où l’Indien arrivait sur lui, par un mouvement rapide comme la pensée, de la main gauche il saisit aux naseaux le cheval du chef qui se cabra en hennissant de douleur, et pointant avec une dextérité extrême, il enfonça sa longue épée dans la gorge de l’Indien ; le bras levé de celui-ci retomba sans force, ses yeux s’ouvrirent démesurément, un flot de sang s’échappa de sa plaie béante, et il roula sur la terre en poussant un cri de suprême agonie et en se tordant comme un serpent.

Le comte lui posa le pied sur la poitrine et le cloua sur la terre.

Se tournant alors vers ses compagnons :

— En avant ! en avant ! cria-t-il d’une voix puissante.

Les aventuriers répondirent par un hourrah de triomphe et se ruèrent de nouveau sur les Peaux-Rouges.

Mais ceux-ci ne les attendirent pas, cette fois.

Atterrés par la mort de Mixcoatzin, un de leurs sachems les plus révérés et de leurs plus célèbres guerriers, une panique s’empara d’eux et ils s’enfuirent dans toutes les directions.

Alors commença une véritable chasse à l’homme, avec toutes ses hideuses et atroces péripéties.