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Et elle sortit du camp au milieu des acclamations d’enthousiasme des aventuriers.

Les Mexicains marchaient la tête basse et la rougeur au front ; malgré eux, ils étaient honteux de l’infâme trahison qu’ils venaient de commettre envers des gens qu’ils avaient eux-mêmes appelés avec instance, que pendant quatre mois ils avaient leurrés de fallacieuses promesses, et auxquels maintenant ils se préparaient à courir sus comme à des bêtes fauves.

Il y avait deux heures à peine que ces événements s’étaient passés, lorsque Valentin rentra au camp.


V

La première Amorce.

Cependant l’émotion causée par la visite du général se calma peu à peu. Les Français, depuis si longtemps le jouet de la mauvaise foi mexicaine, éprouvèrent presque de la joie de se voir enfin débarrassés du réseau d’inextricables fourberies dans lequel depuis si longtemps ils se trouvaient enchevêtrés, sans pouvoir en sortir. Avec l’insouciance qui fait le fond du caractère national, ils commencèrent à rire et à plaisanter sur les Mexicains en général et surtout sur les autorités de ce pays, dont ils avaient eu tant à se plaindre, sans oser se permettre la moindre observation, par égard pour le comte. Pleins de confiance en leur chef, sans calculer qu’ils n’étaient qu’une poignée d’hom-