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— On a si rarement l’occasion de causer au désert.

— En effet.

— Ainsi vous êtes en expédition ?

— Mon Dieu, oui ; il faut bien faire quelque chose.

— C’est vrai ; soyez donc assez bon pour me donner quelques détails.

— Sur quoi ?

— Mais sur cette expédition.

— Ah ! ah ! je le voudrais, malheureusement c’est impossible.

— Voyez-vous cela ! pourquoi donc ?

— Je ne sais que fort peu de chose.

— Ah !

— Oui ; et puis je suis extraordinairement contrariant : il suffit qu’on me prie de faire une chose pour que je m’y refuse.

Valentin sourit et dégaîna son couteau, dont la lame étincelante lança un éclair bleuâtre.

— Même si l’on vous donne des raisons convaincantes ?

— Je n’en connais pas, répondit en ricanant le bandit.

— Oh ! oh ! fit Valentin, j’espère cependant vous faire changer d’avis.

— Essayez ! Tenez, ajouta-t-il en changeant de ton, assez de comédie comme cela. Je suis en votre puissance ; rien ne peut me sauver ; tuez-moi, peu m’importe, je ne dirai pas un mot.

Les deux hommes échangèrent deux regards d’une expression étrange.

— Vous êtes un idiot, reprit froidement Valentin, vous ne comprenez rien.