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la tombe ? Crois-tu qu’elle consentira à vivre, lorsque…

— Silence ! interrompit le comte avec agitation, ne me parle pas d’elle. Pauvre Angela ! hélas ! pourquoi m’a-t-elle aimé ?

— Pourquoi ? s’écria en avançant tout à coup la personne qui avait accompagné Valentin et était jusqu’à ce moment demeurée immobile, parce que vous êtes grand, don Luis, parce que votre cœur est immense.

— Oh ! s’écria-t-il avec douleur, Angela ! Frère, frère, qu’as-tu fait ?

Le chasseur ne répondit pas, il pleurait. Cette nature de fer était brisée, cet homme si fort pleurait comme un enfant.

— Ne lui reprochez pas de m’avoir amenée, don Luis, c’est moi qui l’ai voulu, j’ai exigé qu’il me conduisît près de voue.

— Hélas ! répondit le comte avec une ineffable tristesse, vous me brisez le cœur, pauvre enfant chérie ; voilà que devant vous toute ma résolution, tout mon courage, m’abandonnent. Oh ! pourquoi êtes-vous venue raviver par votre présence des regrets que rien ne pourra calmer désormais ?

— Vous vous trompez, don Luis, répondit-elle avec une énergie fébrile, vous me croyez une femme faible et sans courage. Mon amour pour vous est trop vrai et trop pur pour que je vous conseille jamais rien contre votre honneur ou contre votre gloire. Tout à l’heure, cachée dans ce coin obscur, j’écoutais avidement vos paroles, j’étais heureuse de vous entendre parler comme vous l’avez fait. Je vous aime, don Luis, oh ! comme jamais