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s’il avait consenti à conserver sa liberté, ce n’avait été que dans l’espoir de sauver son frère de lait.

Deux ou trois jours après que le secret du comte avait été levé, vers le soir, la porte de sa prison s’ouvrit.

Il tourna machinalement la tête pour reconnaître la personne qui entrait, poussa un cri de joie et s’élança vers elle ; cette personne était Valentin.

— Toi, toi ici, lui dit-il ; oh ! merci d’être venu !

— Ne m’attendais-tu pas, frère ! répondit le chasseur.

— J’espérais ta visite sans oser y compter ; tu dois être en butte à mille vexations, contraint de te cacher ?

— Moi ? pas le moins du monde.

— Tant mieux ; tu ne peux pas t’imaginer combien je suis heureux de te voir ; mais quelle est la personne qui t’accompagne ?

En effet, Valentin n’était pas seul ; un autre individu était entré avec lui dans la prison et se tenait immobile contre la porte, que le geôlier avait refermée, après avoir introduit les visiteurs.

— Ne t’occupe pas de cette personne quant à présent, dit Valentin, causons d’affaires.

— Soit, parle.

— Tu sais que tu seras condamné à mort, n’est-ce pas ? dit nettement le chasseur.

— Je le présume.

— Bien ! Maintenant, écoute-moi, et surtout ne m’interromps pas ; le temps est précieux, il faut le mettre à profit. Tu comprends bien que si je t’ai obéi quand tu m’as ordonné de me sauver, c’est que je me doutais de quelle façon tourneraient les cho-