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Arrivés à portée de fusil, les murailles se ceignirent d’une ligne de feu, et une effroyable décharge éclata et vint semer la mort parmi les Français.

La compagnie se déploya immédiatement en tirailleurs et se lança au pas de course.

Alors on vit une chose inouïe, incroyable, une ville de douze mille âmes, ceinte de murs, défendue par une nombreuse garnison, attaquée par deux cent cinquante hommes, combattant à l’indienne, c’est-à-dire disposés en tirailleurs.

L’artillerie, traînée à bras par ses servants s’avançait du même pas, et ne s’arrêtait que pour tirer et charger.

Avant même que les Mexicains eussent eu le temps de se reconnaître, les Francais arrivèrent sur eux comme un ouragan, les attaquèrent à l’arme blanche, culbutèrent les défenseurs du pont dont ils s’emparèrent, et entrèrent sans s’arrêter dans la ville, balayant devant eux, dans leur irrésistible élan, tout ce qui s’opposait à leur passage.

Alors la véritable bataille commença : les Français se trouvèrent en face de quatre pièces de canon chargées à mitraille, qui balayaient la rue à l’entrée de laquelle ils se trouvaient, dans toute sa longueur, à droite et à gauche, des fenêtres et des toits de toutes les maisons, une grêle de balles pleuvait sur eux.

La position devenait critique. Le comte mit pied à terre, et se tournant vers les soldats :

— À qui les canons ? cria-t-il en se précipitant en avant.

— À nous ! à nous ! hurlèrent les Français, qui