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joie, qui eut pour effet de presser encore la marche des parlementaires, aux oreilles desquels il résonna comme un glas funèbre.

Alors, avec une lucidité et une clarté extrêmes, le comte indiqua à chacun le poste de combat qu’il devait occuper pendant l’action : il plaça toute la cavalerie sous les ordres de de Laville, choisit don Cornelio, qui la veille seulement avait rejoint la compagnie pour faire auprès de lui le service d’aide de camp, et, sur la prière de Valentin, il plaça sous ses ordres les chasseurs canadiens et les Indiens, avec l’autorisation d’agir à sa guise et comme il lui paraîtrait plus avantageux dans l’intérêt commun.

De Laville fut envoyé en reconnaissance avec une dizaine de cavaliers.

Il revint bientôt, annonçant que la ville paraissait en complet état de défense, que les toits des maisons se garnissaient de soldats, que le tocsin sonnait dans toutes les églises, et que les tambours faisaient un vacarme effroyable.

En ce moment un espion annonça qu’un corps de deux ou trois cents Indiens semblait menacer les bagages. Le comte expédia aussitôt dix hommes pour renforcer la petite garnison qu’il avait laissée en arrière.

Puis, ce dernier devoir accompli, il ordonna de former le cercle et se plaça au centre. Alors, d’une voix émue, il prit la parole :

— Compagnons, dit-il, l’heure de nous venger de toutes les avanies dont on nous abreuve depuis quatre mois et des atroces calomnies dont nous sommes les victimes, a enfin sonné ! Mais n’oublions pas que nous sommes Français, et si nous avons