Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

time de la sympathie qu’il nous aura témoignée ; en agissant ainsi que je le fais, il s’incline devant la force, et les autorités mexicaines ne pourront, malgré tout leur désir, le rendre responsable de notre séjour chez lui.

— C’est juste, répondit le Canadien, frappé de la logique de ce raisonnement.

— Seulement, continua don Luis, afin d’éviter tout malentendu, vous accompagnerez le capitaine, et pendant qu’il parlera haut, vous expliquerez tout bas à nos amis ce dont il s’agit.

Cinq minutes plus tard, le détachement s’éloignait au galop, suivi de loin par le reste de la colonne.

Tout se passa ainsi que le comte l’avait arrangé. Prévenu par Belhumeur, don Raphaël protesta énergiquement contre l’occupation forcée de l’hacienda, et feignit de ne se rendre qu’à la force. La propriété fut définitivement occupée, et don Raphaël monta à cheval avec quelques-uns de ses domestiques, afin d’aller au-devant de la colonne.

Sur l’ordre du comte, elle ne s’arrêta pas à l’hacienda, mais poussa en avant et ne campa définitivement qu’à deux lieues de Hermosillo.

Le comte et don Rafaël s’accostèrent, non pas comme des étrangers inconnus l’un à l’autre, mais comme de vieux amis charmés de se revoir, et entrèrent à l’hacienda en causant entre eux à voix basse.

Avant-de mettre pied à terre, le comte expédia des courriers et des batteurs d’estrade dans toutes les directions, afin d’avoir des nouvelles certaines de l’ennemi, et ne gardant auprès de sa personne qu’un piquet de huit cavaliers, il renvoya les autres au camp et entra dans l’hacienda.