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en empêchant l’Espagnol d’assister à la réunion, en assura le secret.

Don Cornelio était parvenu à échapper miraculeusement à la poursuite du chasseur, le matin il était rentré inaperçu au camp, environ deux heures avant les prisonniers : il avait tué son cheval ; mais lui, grâce à sa diligence, il était sauf, pour cette fois du moins, car nul ne songeait à le soupçonner, et au cas où cela aurait eu lieu, rien ne lui aurait été plus facile que d’établir un alibi.

À huit heures du soir, la retraite fut battue, les barrières du camp fermées, et les officiers se rendirent au quartier général, c’est-à-dire au jacal habité par le comte.

Un cordon de sentinelles, disposées tout autour du jacal, à dix pas environ, afin d’être elles-mêmes hors de la portée de la voix, eurent ordre de faire feu sur le premier individu venu qui sans ordre prétendrait s’introduire dans le lieu de la réunion.

Le comte était assis devant une table sur laquelle une carte routière de la Sonora était dépliée.

La réunion se composait d’une quinzaine de personnes, au nombre desquelles se trouvaient Valentin, Curumilla, le capitaine de Laville et Belhumeur, trop intimement lié avec le comte pour être exclu d’une conférence aussi importante.

Lorsque tout le monde fut arrivé, on ferma la porte, et le comte se leva.

— Compagnons, dit-il d’une voix ferme, bien que contenue, afin de ne pas être entendu du dehors, notre expédition va réellement commencer : ce que nous avons fait jusqu’à présent n’est rien. J’ai à plusieurs reprises sondé moi-même ou par mes es-