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colère, il paraît que vous n’êtes plus marchand de novillos, señor don Valentin ?

— Que voulez-vous, fit-il d’un air narquois, le commerce va si mal !

— Hum ! pas trop mal pour vous, il paraît.

— Dame ! vous savez, on fait ce qu’on peut ; et se tournant vers de Laville : Mon cher capitaine, lui dit-il, tous ces caballeros ont des reatas ; soyez donc assez bon pour vous en servir, afin de les attacher solidement.

— Eh ! señor don Valentin, dit l’ex-mayordomo, vous n’êtes pas tendre pour nous.

— Moi ! quelle erreur, don Isidro ! Seulement, vous le savez, la guerre a certaines exigences ; je prends mes précautions, voilà tout.

— Que prétendez-vous faire de nous ?

— Vous le verrez, je ne veux pas vous ôter le plaisir de la surprise ; et, à propos de cela, comment trouvez-vous celle que je viens de vous faire ? elle vaut celle que vous nous prépariez, n’est-ce pas ?

Le capitaine Vargas ne trouva rien à répondre ; il se contenta de se mordre les poings avec rage après s’être assuré, par un coup d’œil circulaire, que la fuite était aussi impossible que la résistance.

En ce moment, l’homme que Valentin avait expédié pour surveiller l’expédition revint et lui dit quelques mots à l’oreille.

Le chasseur pâlit ; il jeta au capitaine mexicain un regard qui le fit frissonner, et s’adressant à sa troupe :

— Dix hommes à cheval, vivement, dit-il d’une