Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaient même pas pris la précaution de placer des sentinelles autour de leur campement, afin de les avertir en cas de danger.

Couchés pêle-mêle autour des feux, la plupart dormaient ou étaient déjà plongés dans cette demi-léthargie qui précède le sommeil.

Quant au capitaine, enveloppé avec soin dans son manteau, les pieds au feu et la tête sur sa selle, il dormait à poings fermés.

Les aventuriers arrivèrent jusqu’au centre de la clairière, sans que le plus léger bruit trahît leur approche.

Alors, d’après l’ordre qu’ils avaient reçu, ils s’emparèrent des fusils et des sabres placés auprès de chacun des dormeurs, en formèrent un monceau, puis ils coupèrent les longes des chevaux qu’ils chassèrent à grands coups de chicote.

Au bruit effroyable occasionné par la course effrénée des chevaux qui détalaient dans toutes les directions en ruant et en hennissant, les Mexicains s’éveillèrent.

Ils restèrent un instant comme pétrifiés à la vue des aventuriers qui les entouraient de toutes parts et les couchaient en joue.

Par un mouvement instinctif ils cherchèrent leurs armes ; elles leur avaient été enlevées.

Con mil rayos y mil demonios ! s’écria le capitaine eu frappant du pied avec fureur, nous sommes pris comme des rats dans une souricière.

— Tiens ! fit Valentin avec un rire ironique, vous n’êtes donc plus majordomo, señor don Isidro Vargas ?

— Et vous, répondit-il avec un ricanement de