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sourcils se fronçaient incessamment sous l’effort de sombres pensées.

Que s’était-il donc passé ? Quelle cause assez puissante avait ainsi changé le caractère de l’Espagnol ?

Cette cause n’est pas difficile à deviner. Don Cornelio aimait doña Angela, il l’aimait de toute la force, nous ne dirons pas d’un amour vrai et sincère, car ce n’était pas seulement de l’amour qu’il avait pour elle ; un autre sentiment moins noble, mais plus vif peut-être, était entré sournoisement dans le cœur du gentilhomme en même temps que l’amour.

Ce sentiment était l’avarice.

Nous avons dit précédemment que don Cornelio était sous le coup d’une idée fixe. Cette idée fixe l’avait guidé d’Espagne en Amérique ; le gentilhomme voulait faire sa fortune par un mariage avec une femme jeune, riche et belle, riche surtout.

Une idée fixe est plus qu’une passion, plus qu’une monomanie, c’est le premier degré de la folie.

Maintes fois don Cornelio avait été déçu dans ses tentatives auprès des riches Américains qu’il avait cherché à éblouir non par son luxe, car il était pauvre comme Job, de lamentable mémoire, mus par ses avantages personnels, c’est-à-dire sa beauté et son esprit. Sa rencontre avec doña Angela avait décidé de son sort ; persuadé que la jeune fille l’aimait, il s’était mis de son côté à l’aimer avec cette frénésie de l’homme affamé pour qui un tel amour était la seule ancre de salut qui lui restât.

Lorsqu’il avait reconnu son erreur, il était trop tard.

Nous lui rendrons cette justice de convenir que le