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— J’ai les lettres avec les réponses de votre correspondant, oui.

— Ici ?

— Parfaitement, fit Valentin en ricanant.

— Alors tu vas mourir ! s’écria le général en se précipitant par un bond de panthère sur le chasseur.

Mais celui-ci était sur ses gardes. Par un mouvement aussi vif que celui de son ennemi avait été brusque, il le saisit à la gorge, le renversa sous lui, et lui appuyant le pied sur la poitrine :

— Un pas de plus, dit-il froidement aux compagnons du général, qui accouraient en toute hâte à son secours, un pas de plus, et il est mort !

Certes, le général était un homme brave ; maintes fois, il avait donné des preuves non équivoques d’un courage poussé jusqu’à la témérité : cependant il vit une telle résolution étinceler dans l’œil fauve du chasseur qu’il sentit un frisson agiter tous ses membres, il se vit perdu, il eut peur.

— Arrêtez ! arrêtez ! s’écria-t-il d’une voix inarticulée en s’adressant à ses amis.

Ceux-ci obéirent.

— Je pourrais vous tuer, dit Valentin, vous êtes bien en mon pouvoir ; mais que m’importe votre vie ou votre mort, je tiens l’une et l’autre entre mes mains ; relevez-vous ! Maintenant, un mot : prenez garde de rien faire contre le comte.

Le général avait profité de la permission du chasseur pour se relever tout froissé et tout meurtri de sa chute ; mais aussitôt qu’il se sentit libre de ses mouvements, que ses pieds portèrent bien