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soit faite aux personnes quelles qu’elles soient, que Dieu a placées sous ma protection.

— Et avec quoi les défendrez-vous, monsieur le Français ? reprit en ricanant l’étranger.

— Avec ceci, répondit froidement le missionnaire en sortant deux pistolets de ses fontes et les armant d’un air résolu.

Malgré eux les bandits hésitèrent ; l’action du missionnaire était si nette, sa voix si ferme, sa prestance si intrépide qu’ils se sentirent trembler, car ils comprirent qu’ils avaient devant eux un homme au cœur fort qui se ferait tuer sans reculer d’un pouce.

Les Mexicains ne respectent pas grand’chose ; mais, nous devons leur rendre cette justice, ils ont pour la robe du prêtre une vénération sans bornes.

Le père Séraphin n’était pas un missionnaire comme il s’en trouve malheureusement quelques-uns, surtout dans le clergé sud et nord-américain. Sa réputation de vertu et de bonté était immense sur toute la frontière mexicaine. ; c’était une affaire sérieuse que de l’insulter, à plus forte raison de lui adresser des menaces de mort.

Cependant les inconnus s’étaient trop avancés pour reculer.

— Voyons, padre, reprit celui qui jusque-là avait parlé, n’essayez pas une défense inutile ; coûte que coûte, nous voulons enlever ces femmes.

Et il fit un mouvement comme pour s’avancer.

— Arrêtez ! un pas de plus et vous êtes morts ! Je tiens entre mes mains la vie de deux hommes.

— Et moi celle de deux autres ! s’écria une voix rude, et un homme, surgissant tout à coup du mi-